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L’hypothétique apolitisme de Jésus

Introduction

Jésus de Nazareth, est sans conteste la personne dont le nom est le plus prononcé, la personne la plus célèbre depuis plus de 2000 ans. Les récits et écrits abondent à son sujet quant à son historicité, l’authenticité de Ses miracles, etc. Il est la plus illustre des figures charismatiques en termes de leadership : théologique, politique, sociétal, écologique, économique… bref, tout ce qui a trait à la vie de l’humain au milieu de ses semblables (en Cité). L’homme est un être sociable avec ses particularités qui le distinguent des autres.

Le prophète Jésus vient de la Galilée, région tantôt rebelle pour les occupants romains d’alors, tantôt inculte, ou encore théologiquement impropre, et racialement métissée, au point d’attiser la discrimination de la part des gens de la Judée, en particulier les Hiérosolymites. Cette Galilée réputée pour ses mouvements contestataires et révolutionnaires était différemment appréciée, selon les courants idéologiques des diverses sectes juives de son époque.

Aux difficultés posées par Son identification à la Galilée, s’ajoutent une autre, celle relative à ses liens forts avec Nazareth. Ville de la basse Galilée, Nazareth, est l’objet du dédain des citadins de Jérusalem, entre autres. « Les Nazaréens, dans leur façon de parler l’araméen, langue vulgaire de l’époque, ont un accent du terroir qui les fait reconnaître entre tous les autres, et ridiculise » (Robert Aron, 1960:36). Le gentilé « Nazaréen » décrit le stéréotype du campagnard simple ou rustre. Pour les autres, Juifs notamment, être Nazaréen prête à diverses sortes de moqueries.

En Jésus, aussi appelé « le Galiléen » d’après le texte matthéen (Mt 26:69), habita corporellement, toute la plénitude de la divinité d’après l’érudit et charismatique Paul (Col 2:9). Cette affirmation théologique de Paul – (Col 2:9) – est indissociable de son exhortation civique/politique (Php 1:27), adressée aux chrétiens de son temps qui résidaient à Philippe, nous concerne également. Notre étude, non exhaustive, se penchera sur des aspects politiques de la vie de Jésus de Nazareth, à savoir : des annonces de Sa naissance, Sa naissance politique et certains de Ses discours.

Des annonces politiques

L’annonce est ici comprise comme un avis par lequel on fait savoir quelque chose au public, verbalement ou par écrit. C’est donc l’avis qui apporte la connaissance d’un fait, d’une information au public. Les annonces messianiques répétitifs de Yéshoua Ha Mashiah (Jésus le Messie) sous plusieurs noms et titres ne relèvent-ils pas d’une véritable communication politique ? En effet, le terme hébreu Mashiaḥ (Messie) et son équivalent grec Khristos (Christ), signifient tous les deux « Oint ». Ainsi, toute personne qui notifie Jésus-Christ dit par là-même que, Jésus est l’Oint (de Dieu) ou encore, que le prophète galiléen Jésus est le Messie. Le terme Messie – mashia’h (en hébreu) et meshi’h (en araméen) – signifie entre autres : (1) l’Oint ; (2) Libérateur désigné et envoyé par Dieu.

Les annonces du Messie désigné sous d’autres appellations dans les deux Testaments, nous interdisent de cantonner ce personnage illustre dans l’univers contemplatif de l’extase cultuelle, dans le strict cadre de la religion, avec ses pratiques et ses dogmes, et encore moins, dans un attentisme béat. Le Messie est un messager divin responsable dans le maintenant de la cité passagère où le prient les hommes inspirés et motivés par des prophéties. Ce Libérateur désigné est un porteur d’espoir pour l’après-temporalité, c’est-à-dire l’éternité.

Les prophéties messianiques et leurs messagers constituent donc une grosse machine ou cabinet politique. Les annonces messianiques sont porteuses de tensions. Celles-ci s’opposent à l’attentisme et à la niaise expectative recouverte du plâtre de la religion, ainsi qu’à la bondieuserie, qui empêchent toute forme de résistance au mal écologique, économique, financier, monétaire, politique, social et sociétal. L’examen des annonces relatives à la naissance du Messie (Jésus) dans l’Ancien Testament, montre qu’elles ne sont pas uniquement de nature religieuse. Si ce dernier aspect importe, plusieurs des annonceurs de la venue du Christ, dont la naissance, ont insisté sur les versants politiques, voire géoéconomiques, géopolitiques et géostratégiques. Un bref survol des prédictions relatives à la naissance de Jésus de Nazareth, dans le tableau ci-après, l’illustre.

Évoquer le nom de Jésus, c’est faire de la politique. Et prendre position pour Lui est un acte militant, une démarche idéologique, qui exige le don de soi-même à cette cause politique, et même le martyr dans certains cas. Le nom de Jésus est donc éminemment politique. Prêcher Jésus, annoncer le Royaume (l’Evangile du Royaume), signifie souvent aller à contre-courant d’une société gangrénée par les actions contradictoires de ceux qui gouvernent avec des principes liberticides, anthropophages et corrupteurs. Les annonces messianiques suscitent de véritables poussées révolutionnaires, des luttes idéologico-économiques et sociales sur fonds théologiques, dans une ferveur prophétique.

Les communications politiques successives autour du Messie, Jésus le Nazaréen, furent à chaque époque, nourricières et stimulantes pour les combats des oppressés et des prisonniers de la machine infernale, qui réduisait les nobles en mendiants, et faisait des incompétents, des dirigeants sans pitié pour ceux et celles sous leur juridiction. Le témoignage de l’Evangile selon Matthieu (2:1-18) assure parmi tant d’autres Ecritures bibliques, la nature politique des annonces de l’Ancien Testament se rapportant au Christ Jésus. Croire en Jésus, ne nous y trompons pas, c’est accepter de s’engager dans et pour une idée politique ; c’est s’inscrire certainement à une échelle donnée dans une dynamique géopolitique.

La fièvre qu’ont suscité les prophéties concernant le Roi ou Fils de David, dans les âges israélites et juives, n’est pas si différente de l’Attente du Retour de Jésus-Christ, par les chrétiens voire les musulmans, avec ses énormissimes conséquences : politiques (pour l’Etat juif), géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques pour les nations de la terre, selon l’eschatologie de Jean de Patmos (Apo. 19:9-21).

Il importe de rappeler que le mot hébreu « Mashia’h » – et son équivalent grec « Christos » – en plus de signifier, en hébreu, « celui qui est consacré au service de Dieu », veut également dire : « le roi de la lignée de David » (Michael Rydelnik et Edwin Blum, 2019:5). On note une responsabilité politique concomitante avec celle du sacerdoce ou médiation (le sacrifice ultime avec ses lois, gestes et rituels) et le prophétisme, indispensable dans les veilles politiques et sacerdotales.

Annoncer la naissance d’une telle figure suscite une attente confiante (espoir), des débats contradictoires (parfois violents), des interrogations, mais également, des persécutions et des assassinats (malheureusement). Toutes ces pressions engendrées par cette naissance annoncée, ne peuvent qu’occasionner des divergences idéologiques, des alignements et contestations de l’ordre établi par les élites dirigeantes (religieuses, politiques, économiques et intellectuelles), génération après génération. La « Postérité d’Abraham », le « Fils de David »… est annoncé et programmé à naître en des temps fâcheux aux plans : anthropologique, sociétal, théologique (cultuel), politique, écologique, économique, géopolitique et monétaire.

La naissance prédite du Messie (Christ), roi à sa naissance, est une invitation au combat. Celui-ci est d’abord contre ses propres crimes : ecclésiastiques, théologiques, sociétaux, écologiques, économiques, idéologiques, eschatologiques, etc.). Ensuite, cette naissance annoncée depuis des siècles invite à la dénonciation et à la lutte contre l’inhumanité, la chosification et la marchandisation de la « vie humaine » ainsi que de la « dignité humaine », la sienne premièrement puis celle de l’Autre, son prochain, différent par sa couleur de peau, sa culture et son pays d’origine. La circonspection – cette attitude de retenue prudente – accompagne et habite tous les attendants du « Fils de David » en leur temps.

La naissance future du Souverain rabattrait les cartes du jeu à la fois politico-théologique, socio-identitaire et économique. Juifs, Romains, Grecs, Egyptiens, Samaritains et Hellénistes, entre autres, sont fortement engagés dans ce jeu eschato-souverainiste dont la Postérité d’Abraham est le Héros, l’acteur principal. Tels sont en substance les ingrédients des prophéties – d’Esaïe, Michée, Jérémie, Daniel, etc. – concernant la naissance du Roi.

Toutes les prophéties relatives à la naissance du Messie, Jésus de Nazareth, mises bout à bout, se révèlent être un véritable « teasing ». Ce procédé publicitaire (le teasing) qui cherche à éveiller la curiosité du public par l’emploi de teasers, fut une grande prouesse en termes de communication politique. En effet, tous les agents divins employés dans cette tâche réussirent à accrocher, intriguer et donner envie aux enfants d’Abraham et à plusieurs autres peuples du passé, d’en savoir davantage sur ce « Roi hébreu à venir ». Et cela amène des savants non-Israélites et non-Sémites à se pencher sur le sujet.

Les événements entourant sa naissance ont-ils été de nature politique ? Les enjeux politiques des prophéties vétérotestamentaires ont-ils été comme prédits ?

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